Comment faire face au deuil blanc ?

Confronté aux troubles cognitifs de la personne malade, l’aidant doit malgré tout envisager « une nouvelle vie » aux côtés d’un proche dont la personnalité est mise à mal par la maladie. Un premier deuil s’opère.

C’est tout le paradoxe défini par le deuil blanc : un proche malade dont la présence physique ne peut malheureusement masquer l’absence cognitive et psychologique.

La brutalité du terme est, à n’en pas douter, proportionnelle à la souffrance ressentie par l’aidant qui fait face à une personnalité différente de ce qu’il a connu jusqu’ici. « Les proches de la personne malade sont forcément touchés par cette forme particulière de deuil, sans forcément en avoir clairement conscience. C’est un phénomène normal et naturel mais important à connaître et à identifier en soi car, resté dans l’ombre, il peut susciter colère, culpabilité, projection. L’ignorer ne fait qu’accroître un chagrin compréhensible », présente la psychologue Hélène Sabbé-Bérard.

Deux types de deuil blanc

Les chercheurs ont observé que les aidants vivent le deuil blanc selon deux modèles distincts : le deuil intuitif et le deuil instrumental :

  • Le deuil intuitif qui se manifeste par des vagues d’émotions (tristesse, douleur intérieure intense, désespoir, solitude, culpabilité, colère, dépression, manque d’énergie physique, pleurs). Les aidants prennent le temps de pleurer le départ de leur proche et font part de leurs sentiments ;
  • Le deuil instrumental qui se caractérise par l’expérience intellectuelle et physique du chagrin. Les personnes analysent ce qui se passe et ne veulent pas parler de ce qu’ils ressentent. Ce type de deuil se manifeste par de l’anxiété, de l’agitation ou un surcroît d’énergie. Les personnes qui vivent un deuil intuitif « ressentent » leur peine, tandis que celles qui ont recours au deuil instrumental mettent leur chagrin en « action ».

SOURCE : CONTACT n°118 de France Alzheimer Février 2017